13

 

Ce qui suit est extrait de mon journal :

00.02.14.15

Peu après la première descente du vaisseau-monde – notre Jour de l’An, notre Année Zéro – des constructions exotiques furent érigées en divers points de la planète : des « cités », si ce terme n’induit pas trop en erreur, des groupes de structures brillantes en partie immergées et empiétant sur la berge, aux sections visibles de la blancheur de l’ivoire sur le sable rose à la limite des étroites mers bleues. À présent que je les contemple de loin, je songe aux villes martiennes que cet écrivain – Raybury, je crois – a puisées dans son imagination à une époque où nul n’avait la moindre idée de ce qui avait autrefois existé sur cette planète.

Les Amalthéens aménagent Mars à leur convenance avec une habileté consommée. Ces cités – en fait, des usines de conversion – comportent d’énormes processeurs qui décomposent le gaz carbonique en oxygène et en carbone, et ces raffineries blanches et miroitantes filtrent et régénèrent l’atmosphère si rapidement que nous respirerons sous peu l’air de cette planète comme les plongeurs inhalent celui contenu dans leurs bouteilles à quelques mètres sous la surface des flots. Une atmosphère identique à celle du monde d’origine des Amalthéens.

Que devient le carbone ? Mystère…

Les bactéries essaiment et des lichens orangés et gris tapissent les roches, des mousses vertes envahissent toutes les fissures abritées. Des colonies d’algues recouvrent le sol sableux d’innombrables lagons peu profonds. Longer la berge de cette mer à proximité de notre camp à quelques semaines et même à quelques jours d’intervalle donne l’impression d’assister à la projection d’un film en accéléré. Aujourd’hui, j’ai remarqué que de minuscules crevettes grouillaient dans les eaux limpides et que des essaims de mouches noires bourdonnaient sur la croûte de sel du rivage.

 

00.08.01.08.

Le ciel pourpre est traversé par des flottilles de méduses qui défient les lois de la pesanteur pour aller exécuter leurs missions écologiques. La transformation de Mars se poursuit. (Je ne puis m’empêcher de donner à ce processus le nom de « cruciformage », étant donné que les Amalthéens viennent de la Croix du Sud.) Ce qui me frappe le plus, c’est qu’ils semblent avoir totalement renoncé à leurs buts initiaux.

Vénus, le peu que nous avons pu en voir, devait être une copie assez fidèle de leur monde d’origine. Mars est différent : bien plus petit, plus froid et plus sec. Les petites mers abritent désormais la vie, mais la majeure partie du sol reste désertique. Les rares créatures qui sont présentes sur ces terres arides et cherchent de quoi subsister dans les cours d’eau, les dunes ou les plaines de lave, ont certainement été créées pour la circonstance. Elles n’ont pas été importées d’une lointaine planète océane exotique… Je pense par exemple aux araignées du vent fragiles, vives et féroces, qui roulent sur le sable tels de minuscules lichens munis de crocs. Nous pourrions nous croire au Paradis terrestre, car comme celui d’Éden ce jardin est une oasis de verdure entretenue avec soin au milieu d’un désert. Cependant, si on entend par « paradis » un cadre de vie future, Mars n’est qu’une reproduction imparfaite des idéaux des Amalthéens.

Ou des humains. Telles sont mes pensées alors que je me joins à mes collègues, tous munis de masques respiratoires, pour entretenir les buissons d’un jardin de dimensions plus modestes proche de notre camp de base, notre paradis terrestre miniature et aride.

 

00.08.27.22

Nous vivons toujours à bord du Ventris. Ce soir, je n’ai pu à nouveau éviter d’entendre les propos échangés par mes voisins…

— J’ai toujours été emportée de-ci de-là, sans savoir pourquoi, dit Marianne. Mon entourage ne me prenait pas au sérieux. Les hommes désiraient seulement coucher avec moi, ou m’ignoraient… comme Blake qui bouillait d’impatience de prendre congé le jour de notre rencontre. Tu ne m’as pas tenue en haute considération, toi non plus.

— Si, Marianne, affirma Hawkins qui paraissait très malheureux. Je…

— Non. Tu voulais faire impression sur moi, pas m’inclure dans ton existence.

Elle eut un rire amer, lourd de mépris envers elle-même.

— Et je me suis imaginé que Nemo était différent.

Ils évoquaient des événements qui s’étaient déroulés sur Ganymède, avant notre départ pour Amalthée. Marianne, une simple touriste, avait fait par hasard la connaissance d’Hawkins qui s’était pavané devant elle avant de se ridiculiser en présence de sir Randolph Mays.

Qui l’avait, quant à lui, « incluse » dans ses projets, en se servant de sa jeunesse et de son enthousiasme avec cynisme. Pour saboter notre expédition, il avait délibérément mis la vie de la jeune femme en danger et fait en sorte qu’elle fût accusée de tous les crimes si elle réussissait à survivre.

Ce que j’entendis ensuite m’était devenu familier. Marianne pleurait. Chaque jour, elle sanglotait pendant deux heures malgré les euphorisants que Jo Walsh lui administrait.

— Je ne sais pas pourquoi je suis ici. Je ne sais pas où je vais, ce qui m’arrive.

— Tu voudrais que tout redevienne comme avant.

— Non !

Sa véhémence dut surprendre Hawkins autant que moi.

— Je veux ce que je n’aurais jamais cru vouloir un jour. Être en compagnie de gens que je connais. Je n’ai pas la moindre envie de visiter des contrées lointaines. J’ai peur de mourir par manque d’air, de gravité, de tout… j’ai besoin de me sentir en sécurité. D’être aimée. Je ne veux plus avoir affaire à des étrangers. À ces… ces… créatures.

— Je t’aime, Marianne, et tes désirs sont les miens. Si je peux t’aider à les réaliser, je le ferai, crois-moi.

Le dilemme auquel Hawkins est confronté est aussi terrible que le nôtre. Comment lui serait-il possible de tenir une pareille promesse ? Que pourrait-il faire pour rendre à cette fille désemparée un monde qu’elle n’a pas connu mais reconstitué à partir de souvenirs idéalisés ?

 

00.11.26.19.

Mes notes ethnographiques sur les Amalthéens ne tarderont guère à saturer la mémoire d’une puce. Ma collection de minéraux grossit chaque jour. Il en va de même pour les plantes, les animaux et les microorganismes. Les formes de vie amalthéennes sont étonnamment proches de celles terrestres. Souvent, même quand je ne puis classifier tel ou tel spécimen, mes compagnons établissent un lien de parenté. S’il est parfois impossible d’identifier l’espèce, le type général est familier. Il arrive encore que nous ayons sous les yeux quelque chose de totalement étranger à notre monde.

J’ai des pièces magnifiques. Lorsque je découvre un échantillon plus beau que celui dont je dispose déjà, je n’hésite pas à le remplacer. Quiconque verrait ces caisses et ces boîtes improvisées avec des bouts de bois et des feuilles de papier, ces jarres en poterie grossière et ces bocaux de plastique, serait émerveillé par leur contenu et penserait qu’autrefois Mars était un lieu de perfection sans équivalent dans toute la galaxie.

Sauf si la perfection absolue existe quelque part, cela va de soi.

L’aide d’Angus m’est précieuse. Son savoir est sidérant et ses sujets d’intérêt d’une diversité impensable. Il semble par exemple avoir appris par cœur des manuels complets d’histoire naturelle. Quand il ne peut nommer quelque chose – un poisson, une fleur ou une pierre riche en minerai – il cite toujours un équivalent. Nous sommes six à nous partager bon gré mal gré la tâche dévolue à Adam et Ève et il s’est attribué celle de donner des noms à ce qui nous entoure. Nous avons ainsi établi une taxonomie martienne particulière, fantastique et mythologique, prosaïque et linnéenne, un nouveau Systema naturæ. Je citerai pour exemple le Bufo elephantopus (un gros crapaud), le Lebistus McNeilis (un poisson qui ressemble à un guppy), la Puccinia pandoræ (une plante proche du blé dont il convient de bien faire cuire la farine pour éviter des effets secondaires fâcheux) et le Raphanus novus (un radis). Je pourrais ajouter que, même parmi ceux d’entre nous qui ont autrefois étudié le latin, aucun n’a la prétention de s’en souvenir. Moi le premier, car j’ai fait bien moins de latin que de grec.

 

00.21.07.08.

Les méduses ont ensemencé les champs dénudés de Mars et une multitude de graines ont germé. Les plantes poussent de façon anarchique. J’ai vu, sidéré, des prairies herbues s’étendre jusqu’aux berges des mers bleutées qui ressemblent à des fleuves, les pentes des basses collines roses se couvrir de maquis de buissons bas, les crêtes des vallées se hérisser d’arbustes noueux. Les mers auparavant stériles sont de vastes étendues aussi vertes que les « canaux martiens » décrits par les auteurs de science-fiction du passé.

Dans l’atmosphère, le taux d’oxygène a crû plus vite que nous ne l’avions prévu. La croissance folle de la végétation, grande consommatrice de gaz carbonique et pourvoyeuse en oxygène, ne joue qu’un rôle secondaire dans ce processus. Les usines blanches pullulent à la surface de Mars, sur tout le globe… des versions gigantesques de nos respirateurs à enzymes artificiels. Je sais désormais ce que devient le carbone. Des convois de méduses volantes vont le déverser dans des gaines que les Amalthéens ont installées à l’intérieur de certains volcans, afin de le stocker dans le magma en prévision d’un futur recyclage naturel. Quelle est la logique de tout ceci ? Elle est multiple, je crois, et elle nous sera révélée en temps voulu.

L’apport important en oxygène a entraîné l’apparition d’essaims de nouvelles espèces animales. Les insectes ont envahi les prairies : des libellules bleues comme des néons, de simples bâtonnets avec deux boutons noirs en guise d’yeux ; des nuages de moucherons et de moustiques ; des fourmis et des araignées qui grouillent entre les racines des arbres. Et, la nuit, des sauterelles qui font la sérénade aux étoiles.

Et il y a des coléoptères partout ! Selon Angus McNeil, un certain Haldane, éminent biologiste du XXe siècle à qui on venait de demander ce qu’on pouvait apprendre sur Dieu en étudiant Ses œuvres, aurait déclaré : « Il porte un amour immodéré aux coléoptères. » Nous avons sur Mars la preuve de cet amour, mais aucune indication sur sa raison d’être.

Les mers martiennes sont elles aussi grouillantes de vie. Dès que l’eau a été suffisamment oxygénée, les sas du vaisseau-monde se sont ouverts pour y déverser le contenu des viviers de plancton et de coraux, de vers et de méduses, de crustacés et de céphalopodes. Le capitaine Walsh et moi-même avons pris la Mante pour descendre assister au spectacle. Sous la clarté du soleil les flots bleus nous rappelaient ceux de la mer Rouge, la plus riche en vie de toute la Terre. Nous ne pouvions nous déplacer en sous-marin sans la rencontrer sous des multitudes de formes, de couleurs… et de conduite frénétique, fantastique.

Aujourd’hui, pour la première fois depuis notre arrivée sur ce monde, je suis sorti en laissant le masque de mon respirateur se balancer sur ma poitrine, sans l’utiliser. À chaque pas mes semelles écrasaient des ficoïdes cristallines charnues. Aujourd’hui, pour la première fois, j’ai vu des oiseaux – ou des créatures qui leur ressemblaient – passer au-dessus de l’horizon.

Les Amalthéens maîtrisent tout cela. Ils sont les jardiniers de l’univers. Et Mars est le Jardin d’Éden.

 

00.21.13.19.

Mon ami Angus m’annonce que ce Paradis aura une existence éphémère.

Un problème de température, selon lui. Pas celle de la surface que modère l’effet de serre d’une atmosphère riche en gaz carbonique mais celle interne qui n’a que deux sources : la chaleur résiduelle de la formation de la planète à partir de la nébuleuse solaire et celle dégagée par la décomposition des isotopes radioactifs.

McNeil ajoute que l’étude de ce monde faite à notre époque d’origine démontrera que Mars – malgré une activité volcanique plus intense que ne le suspectaient les hommes avant l’arrivée du premier explorateur humain – n’est pas radioactif outre mesure. Quant à la chaleur datant de sa formation, déjà bien inférieure à celle terrestre, elle finira inévitablement par disparaître. La dissipation est inversement proportionnelle au diamètre d’un monde et le rayon de Mars est deux fois, moindre que celui de la Terre.

Et sitôt que la température interne descendra sous un certain seuil, Mars perdra son atmosphère.

C’est une conclusion que je ne puis admettre.

— Je ne vois pas très bien quel rapport existe entre les deux. N’avez-vous pas déclaré que l’effet de serre n’est pas lié à ce qui se passe au cœur de la planète ?

Il m’explique patiemment qu’un tel phénomène est dû à la diminution du taux de gaz carbonique.

— Non seulement les Amalthéens le réduisent mais l’écosystème en fait autant par une désagrégation chimique active.

À l’instant où Angus me tient ces propos nous longeons la crête d’une butte érodée. Loin en contrebas une étroite mer bleue brasille comme du lapis-lazuli dans un écrin de falaises rouges. Cent cascades blanches jaillissent de la roche qui semble frappée à répétition par la baguette de Moïse. L’eau tombe dans des cuvettes, se rue dans des rapides et traverse des bosquets de saules et de palmiers qui n’existaient pas une année martienne plus tôt. Le point d’origine de tous ces torrents est visible à la bordure purpurine du désert, une centaine de kilomètres plus loin : un orage qui progresse au-dessus de l’étendue dénudée.

— La pluie dissout le gaz carbonique de l’atmosphère et le change en acide carbonique qui attaque la roche, m’explique Angus. L’eau s’écoule et le carbone reste captif dans la pierre.

Il se penche pour ramasser un éclat de grès et gratte avec l’ongle de son pouce sa surface assombrie par l’humidité.

— S’il ne retourne pas là d’où il vient – si le carbone contenu dans toutes ces pierres et celui que les Amalthéens jettent dans les volcans ne regagnent pas l’atmosphère – Mars finira par geler.

« Pour le rejeter, la roche doit être chaude. Or, ce monde n’a pas une tectonique des plaques pour emporter les strates de la surface vers les profondeurs. Actuellement, et depuis un milliard d’années, cette planète recycle son manteau rocheux en l’enfouissant sous des couches de lave et de cendres volcaniques. Il est exact que Mars a, ou aura à notre époque, les plus grands volcans du système solaire.

Mais lorsqu’ils refroidiront – ce qu’ils feront inévitablement – le carbone sera retiré de l’atmosphère et retenu captif dans la roche, l’eau gèlera, les animaux mourront et les plantes se dessécheront et seront emportées par un vent glacial.

Angus dépeignait cette catastrophe d’une façon un peu trop imagée mais très explicite. Je ne pouvais toutefois croire que les Amalthéens n’avaient pas prévu tout cela et trouvé un moyen d’éviter l’inévitable.

 

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